A la fin de notre tour de 3 jours incroyables au salar d'Uyuni, ils nous déposent samedi dans la ville d'Uyuni, ville sacrément moche et sans intérêt. Premier vrai contact avec les boliviens, qui me reste en travers de la gorge. Nous cherchons en vain avec Thomas Elsa et Anthony un bar pour avoir du wifi, qu'il faut ici... payer! Et en plus de ça, il faut payer individuellement son wifi, oui madame! Bon tant pis, je paye. Mais la bonté du gérant du puestito n'a pas encore dit son dernier mot. Je veux m'acheter une glace à 6 bolivianos sur sa pancarte, mais qu'il décide de me vendre 12 bolivianos. Je sens que je vais aimer ce pays! On m'avait déjà prévenu que les boliviens étaient excecrables avec les touristes, et je confirme! Après quelques temps passés à ce bar à siffler tout le wifi que l'on peut, et à tenter de consoler Elsa et Anthony qui se retrouvent avec une galère d'appart à Paris (un mec squattant leur appart et ne voulant pas le quitter), on va s'acheter nos places de bus pour Potosi avec Thomas, ville minière de plus de 100000 habitants la plus haute du monde (à plus de 4000m). Il est hors de question que je reste une nuit dans cette ville moche qu'est Uyuni. On ira ensuite dans un autre bar avec toute la bande de francais et belges d'Uyuni. Au moment de partir, grosse frayeur. On retourne à l'agence avec qui nous avions fait le tour du salar d'Uyuni pour récupérer nos sacs ... elle est fermée! Décidément, je ne m'y fais pas à ces boliviens. Heureusement, je demande de l'aide à la marchande d'à coté qui appellera la gérante de l'agence, qui arrivera 10mn plus tard en courant. Ouf, on arrive tout juste pour notre bus. Juste le temps d'aller acheter des hamburgers frites à 5 bolivianos (à savoir 50 cents d'euros) dans la rue pour Thomas et moi. A quand la touista? J'ai également le temps d'être confrontée à la misère bolivienne. Sur un rond point fait de dêchets, une petite grand mère allait y faire pipi. Ca m'a choqué.

Au final, je n'avais pas besoin de courir, le bus part à l'heure bolivienne, avec 15mn de retard. Le trajet ne dure "que" 4heures mais il sera interminable. Le bus s'arrêtera toutes les 20mn, et la route est sacrément pourrie, à base de bons virages tout le long du trajet.


A l'arrivée, nous sommes 9 touristes à la recherche d'un taxi pour remonter dans le centre. Encore une fois, je vais expérimenter la bonté bolivienne. Je trouve un minivan où nous pourrions tous monter pour 5 bob par personne. Mais le chauffeur va hésiter pendant 10mn avant de daigner nous accorder la course. Ca commence bien. Puis, il tentera de nous laisser un peu plus haut sur une place, soit disant la place centrale, mais il essaye en fait juste de nous arnaquer, n'ayant pas envie de monter plus haut dans la ville. Heureusement, nous avons notre gps hors ligne pour nous guider, et on le forcera à nous déposer à la vraie place centrale. "Ah pardon je ne suis pas d'ici" est la meilleure excuse qu'il aura trouvé. Tsssss ! Arrivés à l'hostel The Koala Den à 300m du centre, nous avons trop hâte de dormir après ces 10 jours de folie mais sans repos. 


Dimanche, on s'autorise une (mini) grasse mat', et on se réveille juste pour ne pas louper le petit dej qui finit à 9h30. 9h25, on est donc fidèles au poste. Et là, c'est le feu! Petit dej de dinguos, qui surpasse tous les petits dej que j'ai pu avoir depuis le début de mon voyage. Combo gagnant: thé, jus d'orange PRESSÉ, pancake, bananes, pasteque, ananas, oeufs brouillés, pain, confiture. Trop trop bien. Cela sera un argument de taille qui fera balancer mon choix de rester une nuit de plus ici. Après s'être littéralement pétés le bide, on se fait journée très tranquille, car on en a besoin! Tri de photos, revue de mon itinéraire, skype avec Floflo et Mimi... ca fait du bien!


Nous nous décidons à bouger de l'hotel quand notre estomac se manifeste enfin. On a bien du mal à trouver quelque chose d'ouvert dans la ville en ce dimanche. On finit par trouver un resto qui propose un seul plat, langue de vache et poulet piquant... mhhhh pas chaude du tout! Je négocie pour avoir un plat seulement de poulet et surtout pour l'avoir à 40 bob pour deux personnes et non par personne. C'est pas mal du tout, et nous sommes en terrasse, au top! Dans l'apres midi, on se balade dans les rues mortes de la ville, qui restent tout de même très mignonnes, toutes colorées et avec des batiments très anciens.

Par contre, je me rends déjà compte que la Bolivie est un pays très pauvre, les rues sont sales, les gens sont tous petits, très foncés de peau, et presque tous portent l'habit traditionnel indigène. Ils vendent tous des babioles dans la rue, on se demande comment ils font pour vivre.

La transition avec le Chili est impressionnante. Après quelques heures à tournoyer dans la ville, on revient à l'hotel où nous retrouvons par hasard Audrey et Fanny, deux francaises du tour d'Uyuni. Le soir, on se retrouve tous les quatre + Jordan et Laura, deux autres français du tour, pour essayer en vain de manger au resto. C'est encore plus compliqué de trouver un truc ouvert le dimanche soir. On opte pour une pizzeria très miteuse, où je me laisse tenter par un burger frites assez ignoble. Nouveau crash test pour mes défenses immunitaires. Nous sommes tous encore crevés de nos 3 jours de jeep, on part vite au dodo! Et demain, la journée ne sera pas de tout repos niveau émotionnel. 


Lundi, réveil 7h30 car nous avons une excursion dans les mines d'argent avec Thomas à 8h30. Cette visite fait beaucoup polémique, appelée aussi "tourisme de misère" car nous allons voir des mineurs travailler dans des conditions assez lamentables. Certains disent que c'est du voyeurisme pur et dur, moi je ne sais pas. J'ai quand même envie de vivre cette expérience et de m'en faire mon propre avis. Petite négoc du matin pour avoir le tour à 100bob et non 120bob sous prétexte de parler espagnol. On part ensuite en bus jusqu'au local de l'agence où on nous donne tout l'accoutrement du parfait mineur: casque, lampe frontale, pantalon et veste, bottes. On est prêts! On se sépare en deux groupes: un groupe d'anglophones et un groupe d'hispanophones. Je suis contente d'être dans le deuxième groupe car mon expérience sera encore plus authentique. Nous allons ensuite au marché des mineurs, où tous les mineurs viennent acheter leur matériel. La tradition veut que les touristes achètent des cadeaux aux miniers.. c'est un peu bizarre mais au final je comprendrai plus tard que c'est vraiment important. J'achete donc de la dynamite pour 20bob pour que les miniers puissent faire exploser quelques mètres de mines, ainsi qu'un masque pour me protéger de la poussière (meilleur investissement pour la modique somme de 2 bob). Dans la boutique, le guide nous briefe également sur la mine de Potosi. Travaillent 1400 mineurs dans 200 mines encore ouvertes (sur 500 mines en tout). 70% des hommes à Potosi travaillent dans cette mine. La 1e mine d'argent de Potosi fut ouverte en 1630 !


Comment peut on avoir le droit de travailler dans une de ces fourmilières? Des coopératives sont créées (10 pers min) pour acheter une mine. Ensuite, chaque personne voulant exploiter cette mine doit payer 3000 bob au départ et donner 10% de l'argent récolté grâce à la vente des pierres d'argent à la coopérative. En échange, la coopérative se charge de maintenir la sécurité de la mine, qui peut être exploitée entre 30 et 60 ans en général. J'ai demandé quels étaient les revenus des mineurs, et ils pourraient gagner entre 800 et 1000 bob par semaine. Ils vendent un kilo d'argent pour 15 bob et sortent environ 100 kilos d'argent par semaine.


Une fois le brief terminé et nos cadeaux pour les mineurs achetés, on part en minivan jusqu'en haut de la mine. On est dans un camion bien pourri qui risque de nous lâcher entre les mains à chaque tournant.

A l'arrivée, le guide (et mineur) nous explique que nous allons rentrer à l'intérieur de la mine qui se trouve en face de nous. Il faut faire très attention car sur la route principale de la mine, il y a des rails où passent des mineurs pour déposer leurs chariots plein d'argent à l'extérieur. Ils sont normalement par 3, le premier court devant le chariot en agitant sa lampe torche pour prévenir du danger, et les deux autres poussent le chariot derrière, qui pèse bien plusieurs tonnes. Un truc de dingue.

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Notre guide commence donc à distribuer nos cadeaux aux miniers que nous croisons en route.

Ca y est, on pénètre dans la mine. Il fait très noir, très chaud, et même de plus en plus chaud au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la mine. C'est assez perturbant, on se sent très vite coincés et nous avons de plus en plus de mal à respirer. Nous sommes courbés car la mine n'est pas très haute, ce qui accroit la sensation de claustrophobie.

A chaque chariot qui arrive, on aperçoit tout d'abord une lanterne au loin, puis un brouhaha du tonnerre, c'est impressionnant. A ce moment là, le guide crie pour que nous nous poussions sur le côté et éviter de se faire faucher par le chariot.


On s'arrête dans une première "pièce", où les mineurs viennent faire des offrandes. Ils ont plusieurs personnages clés à qui ils font des offrandes: la pachamama, le tio de la mine, la vieja, el tatacarcha... Ils demandent leur protection en échange la plupart du temps d'alcool à 90°C. Ici, les mineurs laissent tous leurs soucis et se doivent d'être forts et positifs toute la journée dans la mine.

Notre périple continue et nous passons par une perpendiculaire de la mine principale, où le guide nous propose de le suivre dans une mine en hauteur, où il faut se faufiler telle de la chaire à saucisse sur plusieurs centaines de mètres avant d'arriver au lieu de travail du mineur. On a tous essayé, on a tous fait demi tour au bout d'à peine quelques mètres. C'est impossible, on se sent enfermés et claustro très vite. On perd à ce moment la les deux plus âgées de notre groupe, d'une 60aine d'années, qui décident de sortir définitivement de la mine. Nous ne sommes donc plus que 4, un couple d'une trentaine d'années, Thomas et moi.


Nous nous faufilons dans d'autres allées perpendiculaires à l'allée principale. Il fait de plus en plus chaud, et il est de plus en plus difficile de respirer. On descend ensuite de plusieurs mètres grâce à une échelle.

Après cela, on doit passer à 4 pattes plusieurs passages pour arriver enfin dans une petite parcelle de mine où se trouvent deux mineurs en train de casser du caillou. Je pensais que nous serions mal vus mais ils sont au final contents d'avoir de la visite, cela égaye un petit peu leur journée. Ils sont donc à deux, à taper sur la mine en vue de trouver de l'argent. Aujourd'hui est une bonne journée car ils ont réussi à trouver une énorme pierre d'argent. Pour fêter cela, on prend des shots d'alcool à 90°C avec eux, et l'on en verse un petit peu au préalable sur la roche pour remercier la Pachamama et demander son aide pour qu'ils arrivent à casser cette énorme pierre. Dès lors qu'ils ont trouvé de l'argent, ils doivent remonter les bouts de pierre dans des sacs d'une bonne vingtaine de kilos. Le travail est donc encore loin d'être terminé...

Pour tenir, ils ont leurs boules de feuilles de coca dans la bouche qu'ils mâchent à longueur de journée. Cela leur enlève la fatigue et la sensation de faim.

Après un bon moment à discuter avec eux, nous remontons doucement à la surface. On s'arrête souvent car nous suons à grosse gouttes et il faut que nous reprenions notre respiration. Le temps pour nous de prendre une photo avec nos guides. Avant de ressortir de la mine, le guide propose aux garçons (car les filles portent malheur dans une mine) d'aider une famille de mecs à remplir leur chariot de pierres d'argent. Thomas refuse mais l'autre mec du couple qui était avec nous s'y met. Un sacré challenge par cette chaleur.

Nous ressortons ENFIN de la mine, après presque 3h à l'intérieur. Waouw, nous sommes éblouis par le soleil et encore un peu saouls de toutes les scènes que nous venons de vivre à l'intérieur.

Nous repartons pleins de poussière dans le centre de la ville, encore bouleversés par ce que nous avons vu. On a l'impression d'avoir fait un bond 100 ans en arrière avec la visite de cette mine...


L'après midi, c'est repos puis avant de me motiver à manger à la locale au marché central. Un poulet piquant au milieu d'autres hommes du village .. pas la meilleure idée du siècle, car cela me vaudra en fin de journée un très long trajet en bus.


En effet, nous prenons le bus en fin de journée pour Sucre avec Thomas. Au moment de sauter dans le bus (négocié à la volée à la dernière minute), je sens que je n'aurais pas du manger ce poulet. Or, il n'y a pas de toilettes dans le bus et nous en avons pour 3h de trajet... l'enfer ! Je décide de tenter le coup, mais ce sera juste insupportable. Pendant près d'une heure, je m'accroche aux accoudoirs, je ne parle à personne et je me concentre sur mon mal de ventre. Mais je sais que je ne pourrai pas tenir 3h. Honte de ma vie, il a fallu que j'arrête le bus au milieu de la route pour aller me "cacher" derrière un monticule de pierres, à la vue de toutes les voitures qui passaient et de tous les locaux du bus qui devaient bien rire depuis leur siège. Heureusement, ca allait mieux après cette petite halte appelée "perte de dignité express".