Le 4 novembre, je me réveille juste avant la fin du petit déj, comme d'hab. Je profite de ce moment d'accalmie pour skyper les parents et attendre bien sagement Billy et Clémence qui me rejoignent à l'hostel en fin de matinée.

Ils arrivent enfin, je suis trop trop contente de les retrouver! La dernière fois que je les avais vu, c'était à El Chalten ! Le temps de se poser, on ira ensuite dans le centre déjeuner tous les 3 pour se raconter nos petites aventures. L'après midi, je fais mon tour des agences pour comparer les excursions dans la jungle en termes de qualité-prix. J'opte au final pour la moins cher, Escorpion, avec qui je choisis de faire 3 jours dans la selva puis 3 jours dans la pampa. Le tout pour 1 700 bob (200 euros) tout compris. Billy et Clem eux avaient choisi de passer par une agence plus luxe, et de ne faire que la pampa. On ne se fera donc pas l'excursion ensemble, à mon grand regret. En fin de journée, on se retrouve au bord de la piscine, où les moustiques commenceront à nous attaquer à coeur joie. On se fait ensuite un gros apéro dans leur chambre, à base de tomates-mozza-basilic et verres de vin, c'est parfait !


Réveil difficile ce 5 novembre au matin, après des retrouvailles bien arrosées. Je retrouve Billy et Clémence tout aussi zombies que moi au petit dej. On doit déjà se redire au revoir, mais j'espère réussir à les croiser de nouveau sur le lac Titicaca. Ils sont tellement cools! Pour changer, je suis en retard et je fais donc mon sac à l'arrache. J'essaye de tout faire rentrer dans mon sac de 20L, c'est un peu short mais ca passe. De toute façon, je pense que je ne serai pas propre longtemps en Amazonie, alors autant prendre le minimum syndical. L'agence vient me chercher et m'annonce que, changement de programme, je commence d'abord par la pampa pour je ne sais quelle raison, et que je continuerai par la selva ensuite. On m'avait aussi dit que je serai avec deux filles, je suis au final avec un couple d'australiens, Myles et Elle et un bolivien, Wilmar. Ne jamais croire ce que te disent les boliviens! Après 1h d'attente à l'agence, je m'impatiente et fais accélérer le mouvement. On part dans un genre de monospace un peu pourri pour rejoindre le départ du tour, à 3h de Rurrenabaque. La route est bien bien défoncée, en fait c'est des chemins de sable rouge avec des trous, des bosses et des vaches boliviennes qui passent de part et d'autre du chemin. Au bout de 2h sans clim sous au moins 35 degrés, notre chauffeur perd le controle de la voiture et finit sur le côté de la route. Le volant est pété, génial! J'ai donc vraiment un karma d'enfer! Heureusement, 5mn apres, une voiture passe, presque vide. Je dois négocier pendant près de 30mn avec notre chauffeur pour monter dans cette voiture qui est en fait, je le saurai plus tard, un taxi. Notre chauffeur ne veut pas nous laisser partir avec le taxi tant qu'il n'a pas réussi à contacter l'agence, mais il n'y a pas de réseau. Je finis donc par hausser le ton, et on monte tous dans le taxi, et le pauvre Wilmar se retrouve coincé dans le coffre entre les sacs de tout le monde. J'aurais pas aimé être à sa place. La dernière heure passe vite, le taxi se la joue en mode speedy gonzalez sur les chemins pourris. Ames sensibles, ne pas monter dans sa voiture! Nous arrivons au village de Santa Cruz où nous sommes attendus pour déjeuner, comme tous les touristes de toutes les autres agences. On découvre que les compagnies plus chères ont des jeep, ce qui est quand même plus adapté. La panse remplie de soupe, de pâtes bolo, de riz et de salade, on repart avec notre taxi pour aller au départ du tour, à 10mn de là. On paye nos 150 bob de droits d'entrée pour la pampa, et nous retrouvons notre guide pour 3 jours, Zamir, 27 ans, natif de Santa Cruz. 


Nous embarquons sur notre longue pirogue sous le soleil de plomb. Il fait treeeeees tres chaud! L'eau de la rivière est également super chaude, laissant même de la vapeur apparaitre en surface. A ce moment précis, je suis tellement contente et excitée de me retrouver en Amazonie, prête à vivre l'aventure à 10000%! Et vraiment, l'Amazonie, c'est le feu! C'est parti pour une farandole d'animaux, un spectacle incroyable, je suis comme une gosse!

Tout d'abord, il y a des caïmans à peu près tous les 3 mètres qui laissent parfois apparaitre un oeil et le bout de leur nez hors de l'eau, ou se dorent la pilule sur le bord de la rivière la gueule grande ouverte.

Nous découvrons aussi des familles entières de caipibelas, de genre de grosses marmottes croisées avec des sangliers (plus ou moins dans l'idée) qui broutent au soleil.

Les tortues quant à elles s'agglutinent sur des bouts de bois qui sortent de l'eau, et se prélassent au soleil tels de vrais lézards.

Je trouve aussi notre premier singe capucchino perché tout en haut d'un arbre. Le reste des animaux que nous croisons en chemin sont une palette d'oiseaux impressionnante: des grands, des petits, des blancs, des noirs, des colorés, avec ou sans crête... De mémoire, nous avons vu entre autre des genres de hérons du coin, des martin pécheurs, des cigognes ... on se croirait dans l'arche de Noé, et j'en prends plein les yeux toutes les 3 secondes.

Comme c'est encore la saison sèche, tous les animaux se concentrent autour de la rivière qui est leur unique source d'eau. Après une heure de grand soleil, le ciel s'assombrit, jusqu'à ce que nous tombe dessus une énorme averse. Il nous reste donc une grosse heure un peu moins drole à tenter de se protéger tant bien que mal de la pluie avec nos manteaux. On arrive tout de même à apercevoir un énorme caïman noir, eux peuvent atteindre 6m vs les autres caïmans de 2,5m. C'est super imposant!!

5mn avant notre arrivée, on commence à apercevoir tous les lodges de toutes les entreprises de tourisme, chaque entreprise ayant son lodge et son espace dans la pampa. Notre lodge est en hauteur, au pied de la rivière. Tout est surélevé car en saison des pluies, l'eau monte jusqu'en bas des batiments. Tout est en bois, les toits sont en tôle, et les fenêtres inexistantes sont remplacées par d'immenses moustiquaires.

Nous dormons tous les quatre dans la même chambre, dans des lits simples entourés de moustiquaires. Nous avons le droit à un petit snack à base de popcorn et de thé pour nous réchauffer un peu. Zamir nous appelle: un toucan dans l'arbre, tout près de nous, incroyable! Le cuisinier s'occupe de la prochaine animation: il jette tous ses détritus végetaux dans la jungle, et 30secondes après, une horde de singes débarque. Des petits jaunes et marrons clairs ainsi que quelques plus gros singes capuchinos. On a le temps de bien les mitrailler!

Au moment où je fais demi tour, ce sont les rapaces qui se jettent à leur tour sur les restes laissés par les singes. Vaut mieux pas mourir ici je vous le dis! 

Après notre petite pause détente, nous reprenons le bateau pour aller voir le coucher du soleil, en espérant que nous ayions quelques rayons du soleil ce qui n'est pas gagné car il pleut encore. Nous nous retrouvons dans un genre de bar au milieu d'une grande plaine. Nous y restons une bonne heure, le temps que le soleil se couche et que le ciel passe de gris, à jaune, orange, puis rose.

On ne voit pas le soleil, on le devine, mais c'est déjà très chouette. Au retour, il fait déjà nuit noire. Et là, nous découvrons un second spectacle: l'Amazonie de nuit. Tout d'abord, on allume les frontales pour retrouver les yeux des caïmans qui brillent dans l'eau et relflètent notre lumière. Très vite, je suis surprise par l'invasion des moucherons à la vue de nos lampes torches. Des milliers de petites bêtes nous foncent dessus! J'en ai de partout! Avec la pluie et la vitesse, mon manteau est recouvert de mouchetons suicidaires, et je commence à en prendre plein les yeux et plein la bouche! Tant pis, je laisse Wilmar aider Zamir avec sa lampe, moi je l'éteins, j'ai assez mangé de moucherons! Dernier émerveillement du jour: lorsque nous éteignons toutes nos lampes apparaissent des centaines de lucioles sur les arbres de part et d'autre de la rivière. Waouw! On dirait des guirlandes qui scintillent dans les sapins de Noël, je suis vraiment dans un autre monde! 

De retour au lodge, nous avons les crocs. Et tant mieux, car il y a de quoi manger! Buffet servi par notre cuisinier, avec au menu: bananes plantains, pâtes bolo, riz, boeuf mariné et le combo salade /tomates/ concombres. On se gave! 

A 21h, les lumières du lodge s'éteignent et mènent tout le monde au lit. Toutes ces émotions nous ont donné sommeil! 


Lundi, on attaque notre deuxième journée qui va être la plus épique de ce séjour dans la pampa. Au réveil, il pleut toujours, mais moins fort que la veille. Tous nos habits sont encore humides de la veille mais tant pis, pas de chichis, on remet les mêmes. Passage par la douche froide histoire de bien me réveiller, même si vu le climat du jour, j'aurais largement préféré qu'elle soit chaude. Le petit dej est bien calorique aujourd'hui: nous avons droit à deux types de beignets frits, des bananes plantains frites et du gateau au yaourt. Ca va bien nous tenir au corps pour le reste de cette journée pluvieuse. Il ne pleut pas trop, on décide donc de s'en tenir au programme et d'aller chercher (en vain?) un anaconda dans les plaines de la pampa.

On démarre dans les herbes hautes que l'on piétine à grandes enjambées avec nos grosses bottes de pluie.

Entre ces paysages touffus, nous cherchons l'anaconda dans des marécages dans lesquels on s'enfonce alègrement.

Pas de trace de l'anaconda, déjà rare à voir par beau temps, et presque impossible à trouver par temps de pluie. Et ce n'est que le début. Tout à coup, c'est le déluge. Mais quand je dis déluge, on ne se parle pas du petit crachon breton hein! On se parle de la bonne averse amazonienne qui te trempe jusqu'aux os! J'avais mon manteau en gore tex et même ce dernier a vu l'eau passer à travers. Tout tout tout était trempé. Jusqu'à ma caméra que j'avais caché sous mon manteau, sous ma chemise, et qui était protégée par une pochette. Là, j'ai commencé à détester ma vie et a me demander pourquoi je m'infligeais autant de souffrance. Bon, évidemment mon moment de déprime n'a pas duré longtemps, mais quand même c'etait vraiment dur. Je n'ai jamais été aussi trempée de toute ma vie. Même si je prenais une douche toute habillée je pense que je serai moins mouillée. Le pantalon colle aux jambes, il est de plus en meme plus lourd avec le poids de la pluie. Et l'apogée de la loose c'est quand l'eau se met à rentrer dans nos bottes, et pas qu'un peu. Toutes les 5mn, on les vide car elles sont remplies d'eau. J'avoue, là je rêve d'une douche chaude et d'une apres midi au coin du feu. Mais non! Zamir change un peu ses plans, car là concrètement plus personne n'a envie de chercher l'anaconda. On essaye de se protéger un minimum sous les arbres (ca ne marche que très peu), et Zamir commence à nous montrer différentes plantes et fruits. Il nous fait un sifflet naturel avec une branche, puis nous trouve un fruit dans lequel il y a des petits vers blancs encore vivants. Beurk! Mais il veut maintenant qu'on les goute! Ca me dégoute, mais j'y vais! A l'interieur, un genre de liquide blanc sort, beurk beurk beurk! Ca c'est fait. On trouve ensuite un fruit qui a un liquide bleu à l'intérieur pour faire des taouages naturels. J'ai le droit à un super dessin sur le bras. Ca y est on repart vers le bateau, et on passe par un champ de nénuphars, superbe! 

Apres une matinée assez .. trempée, on rentre enfin au lodge pour dejeuner. L'autre groupe qui est au lodge rigole bien de nous voir avec nos têtes de chiens mouillés déprimés. Heureusement, un repas chaud nous attend pour nous réconforter! En début d'apres midi, le déluge est toujours au rendez vous. Du coup, on est plutôt en mode jeux de cartes et gouter que sortie dans la jungle. Uno, keums, bataille corse, on s'occupe comme on peut. En milieu d'apres midi, la pluie cesse enfin et nous décidons donc d'aller pêcher le piranha. Chacun a sa ligne, avec au bout un hameçon et un petit carré de viande fraiche, et hop, on la lance et on attend que ca morde.

Ca mord, mais on arrivera à rien ce jour là, sauf Myles qui est l'expert du poisson chat. Sauf qu'on ne veut pas de poisson chat. Après avoir déclaré forfait, on décide de chercher les dauphins roses.

Plus haut dans la rivière, ca y est on en voit! Je suis comme une gosse! Ils sont bien 4-5! Myles et moi nous regardons, et on fait nos oufs: on se jette à l'eau (avec l'approbation de Zamir). C'est un sentiment incroyable, je suis complètement paniquée car je suis à 4 mètres de plusieurs caïmans qui nous regardent du coin de l'oeil, et je suis toute excitée d'être à la même distance des dauphins.

On reste bien 10-15mn dans l'eau, espérant pouvoir jouer ou ne serait ce que toucher un dauphin. Ce n'est pas pour aujourd'hui, mais on les voit quand même de très près c'est génial. Zamir nous rappelle à l'ordre car on abuse un peu, il ne faudrait pas ennuyer un caïman.

Le jour tombe d'un coup, on repart dans le bateau et une bonne quinzaine de chauve souris fait la course avec nous pendant un bon moment. On arrive de nuit au lodge, et de nouveau un bon repas qui tient au corps. Des pates bolo avec du fromage et des bananes plantains. Tout cela accompagné de nos bières et notre vin achetés en revenant de notre baignade. Zamir nous fait gouter les fameuses feuilles de coca que tout le monde utilises ici pour couper la faim et le sommeil. Tu en prends une grosse poignée, tu fais une boule dans ta main, et tu coinces les feuilles de coca au fond de ta bouche, et tu maches un tout petit peu pour que le jus de la coca puisse être avalé. C'est pas super bon, mais eux adorent. Après une petite demi heure avec ma boule de coca, j'ai la moitié de la bouche anesthésiée, c'est impressionnant. Ce soir, on fait nos fifous, on va se coucher à 23h, car on veut faire une pêche nocturne. On a encore beaucoup de motivation mais il n'y a que Myles qui est un peu chanceux avec ses poissons chats. Définitivement, c'est pas pour aujourd'hui. 


Mardi, réveil à 7h30 et miracle, il ne pleut pas!! Trop bien, on va pouvoir faire quelque chose de notre journée! Après une nouvelle douche froide qui te remet les idées en place, place au petit dej, moins gras que la veille, à base de pancakes, bananes, gateau au yaourt, et un genre de biscuit frit. On se prépare avec nos mêmes affaires mouillées et on repart tenter notre chance à la pêche aux piranhas. Incroyable, après avoir senti quelques gouttes nous tomber dessus, il y a du soleil! Et il tape! C'est donc pêche en short / maillot de bain pour moi.

On y reste un bon moment, et Zamir ouvre enfin le bal des piranhas. 1, 2, 3! Ca nous remotive, même si la viande que l'on donne aux piranhas date d'hier et pue horriblement. Je me demande comment ca peut marcher. A deux doigts d'abandonner, le miracle survient! Je fais comme Zamir me dit, je laisse le poisson me conduire un peu et bim: je fais un "yanca" comme ils disent, je tire sec d'un coup et oh! Un mini piranha!! Youhouuuu je suis refaite! Il est tout petit mais hors de question de le remettre à l'eau, c'est ma fierté personnelle! Après une bonne séance photos piranhas, il est déjà l'heure de retourner au lodge.

On donne fièrement nos piranhas à notre cuisinier, et juste le temps de se poser 10mn et de mettre enfin à sécher nos habits au soleil, le repas est prêt!

Il n'est que 11h mais on doit déjà repartir, alors on trouve tant bien que mal une petite place. Au menu, enorme steack de poisson et riz, c'est délicieux. Et en mini accompagnement, nos piranhas.

Il faut vraiment chercher la chair mais on est contents. On part juste après le repas, les affaires sont presques sèches, ca fait plaisir. Zamir met le turbo, on fera le chemin retour en 1h30. Pas le temps de s'arrêter pour chaque animal qui apparait sur le chemin. Ils sont bien plus nombreux maintenant qu'il fait beau, c'est dommage que l'on ne puisse pas prendre notre temps.

Je crame sur le bateau, bien bien bien, et évidemment je ne pense pas à mettre de la crème, ce qui me vaudra une belle journée de brulures le lendemain. En arrivant à l'entrée du parc, je me sens triste de quitter la magie de ce lieu et mon groupe très cool. On quitte Zamir et une voiture nous ramène à Rurrenabaque par le même chemin pourri qu'à l'aller. Cette fois, j'encaisse les coups car je suis tout derrière et que le taxi roule comme un bourin, mais heureusement dans cette voiture il y a la clim. Sur le chemin, on voit plein de paresseux au loin, trop bien! 

Une fois arrivés au bureau d'escorpion, pas le temps de chômer, on me demande déjà si je suis prête pour enchainer avec la selva. Je ne sais même pas quoi changer dans mon sac, tout étant sale et/ou mouillé. Du coup, je repars avec quasiment le même attirail, foutue pour foutue hein! Juste le temps de dire aux parents que je suis en vie, d'aller retirer quelques bolivianos pour m'acheter les super cookies Toddy, et on repart, cette fois avec une allemande de 24 ans dénommée Paulina, et le guide Edwin. En chemin vers le bateau, je croise mes chouchous Billy et Clémence, mais pas le temps de papoter, il faut y aller.